Résumé de la pièce

Le Rose enfer des animaux a été créé en 1958 et reste le premier texte québécois écrit pour l’écran, en tant que télé-théâtre, alors que le milieu télévisuel n’avait pas encore les moyens de réaliser un texte aussi surréel et éclaté. Il faut savoir qu’expliquer cette pièce reste très difficile dû, en partie, à son esprit exploréen et dadaïste, mais essayons quand même. Attention, ce résumé divulgâche la surprise finale. 

Huit personnages sont invités par Domitien D’Olmansay à un grand repas étrange, surréaliste, automatiste. Au cours de la soirée, chacun d’eux s’échange à plusieurs reprises avec leur forme animale ou d’obus. Pourtant, personne ne semble savoir qu’ils sont des animaux, mis à part l’hôte. Tous s’adonnent à des jeux, conversations et images plus déjantés les uns que les autres jusqu’au moment où un intrus fait irruption dans le repas et qu’il faut mettre à mort l’hôte de la soirée. Transformations, apparitions, disparitions, gastronomie et menu vivant sont définitivement au rendez-vous. Sujets politiques, religieux, artistiques et sexuels s’entremêlent tout au long de la pièce sans véritable fil conducteur tangible excepté peut-être celui de faire revivre une dernière fois l’automatisme dans toute sa splendeur et ses possibles.

Cette pièce présente des effets, des images et des répliques ardues à concrétiser fidèlement même aujourd’hui avec nos multiples moyens technologiques. Il s’agit d’un véritable défi pour tout créateur voulant s’y aventurer autant à cause de sa richesse débordante d’opportunités qu’à cause de son univers extrêmement poétique et propre à l’imaginaire de Gauvreau pouvant être analysé et reçu de mille et une façons différentes. Par exemple, les possibilités sont infinies quant à l’interprétation de cette réplique : « PRESCOTT DIEBULIAN (par gestes) – !!!!!!!!! » (p.15) Par ailleurs, comment faire pour représenter cette didascalie? « Ernest Gogott tire sur une courroie qui se perd dans une muraille, il sort un squelette de la muraille lequel devient un corps gelé – puis un monsieur souriant qui tend sa carte d’invitation. C’est Jasmin Liblua. » (p.27) Ou encore celle-ci : « Quatre septièmes d’un mur lézardé verdâtre passe majestueusement à cinq pieds derrière les personnages et se heurte à Jasmin Liblua sur lequel il prend la forme d’une sauterelle de mer et Ernest Gogott passe à travers ce mur transformé qui s’éloigne en très longue chevelure verte jusqu’à disparaître. » (p.50) Et ne voilà que deux exemples parmi une centaine! De surcroît, la pièce regorge de références, de double-sens, même triple-sens référentiel. Gauvreau, par l’entremise de ses personnages, semble faire un gigantesque tableau de mots où chaque coup de pinceau correspond à un artiste (peintre, écrivain, chanteur, philosophe, etc.) ou à une oeuvre (toutes disciplines confondues) à qui il rend hommage.

Le défi est encore plus grand de vouloir mettre en scène cette pièce en une installation technologique interactive plutôt qu’avec le médium pour lequel elle avait été créée. Et voici exactement l’entreprise dans laquelle se plonge l’équipe d’AREA!