Pour le volet outil, il s’agit principalement de mettre au point une méthodologie pour appréhender la complexité de la dramaturgie plurielle, ce type d’écriture maximaliste, et de travailler sur des outils favorisant la conception et la documentation continue des diverses étapes de création. En soi, la documentation de l’écriture et du processus de création est tout aussi importante que l’oeuvre finale. Ces outils intégrés de conception-documentation dramaturgiques reposent sur la création en laboratoire de prototypes et l’adaptation de logiciels ouverts existants et complémentaires.
La forme logicielle représente un défi d’intégration pour modéliser et rendre compte visuellement d’un éventail de scénarios possibles selon les diverses interventions du spectateur. Autre défi, celui de documenter et de modéliser avec le même type de données (en XML) le travail de répétitions avec les objets réels. Par exemple, en observant le déplacement d’un objet (acteur ou accessoire) avec deux caméras, on peut reproduire dans une base logicielle 3D (comme celle du logiciel Designer) le tracé du mouvement et comparer éventuellement celle-ci avec la simulation dont on s’est servi pendant la phase de conception. On peut garder en mémoire l’ensemble des essais et les retranscrire sur une même fenêtre logicielle (comme les couches de photoshop), étant de ce fait plus efficace pour l’analyse que le visionnement de plusieurs bandes vidéo des multiples répétitions. La consignation des données est prévue selon une logique matricielle temporelle où les deux axes sont définis par les éléments actifs de la présentation (video mapping, accessoires mobiles, éclairage, sons…), puis les intentions et concepts sur lesquels se base l’écriture plurielle.
Pour mieux comprendre la complexité de cette consignation des données, il faut concevoir chaque élément (actif et conceptuel) composé de rubriques. Chacune des rubriques possède des valeurs évoluant tout au long de la ligne de temps donnée par la structure de la pièce. Par exemple, pour la seule question de l’image pouvant constituer la base d’une écriture vidéoscénique, Bruce Block, dans son livre The Visual Story, propose plus d’une trentaine de rubriques touchant l’espace, la composition, les couleurs, le cadrage, le mouvement, le rythme… Imaginons, alors, la complexité des choix si un projet fonctionne à partir d’un dispositif multi-écrans. Quelles sont les rubriques qu’un vidéoscéniste activerait pour construire son univers visuel? L’outil développé pourra, idéalement, prendre en charge toutes ces variables ainsi que les organiser de façon à pouvoir les visualiser aisément et les analyser en vue d’améliorer, de repenser ou de valider le spectacle en création.